Août

Vendredi 3 août
Ambiance des grands départs et des nostalgiques retours gare de La Part Dieu : quai bondé et un train pour Bordeaux pris d’assaut et ne suffisant pas à la foultitude, changement de quai pour celui qui devait lui succéder et que je vais investir sans ma BB qui entame ses trois jours de labeur.
Destination Vesoul via Besançon pour un samedi dédié au kayak chez Sarah : Karl sera absent (séparés, ils sont restés bons amis) pour cause de farniente corse. Je partagerai ce sport estival avec quelques amis de la jeune femme.
Comme lecture de voyage (huit heures de train cumulées pour cet aller-retour), j’ai repris dans ma bibliothèque le …Vous avez dit Serrault ? qui s’y serrait depuis quelques années et que les ouvrages en cours m’inclinaient à ne pas ajouter.
La mort de l’attachant comédien et, très secondairement, mon achèvement de quatre titres au cours des vacances, m’a affectivement conduit à plonger dans son autobiographie. De sa turbulence enfantine, il fit une générosité joyeuse de l’interprétation.
14h25. Appel de Sarah m’indiquant qu’un de ses amis était bloqué du dos et ne pouvait donc pas venir avec sa compagne. En filigrane je décèle une annulation totale du séjour ! Me voilà en route vers Besançon, avec des billets en tarif séjour non remboursables, et menacé de devoir rejoindre mes pénates de façon prématurée. Curieuse arithmétique : nous devions être sept. Deux absents, reste cinq, égal zéro ! J’attends son appel pour décision finale.
18h05 Et voilà, départ de Besançon pour retour au bercail ! Grisant week-end amorcé. Je n’en veux point à Sarah victime de ses amis lâcheurs (deux vagues d’annulation dont la dernière ce jour à 13h). Je n’allais pas lui demander de rejoindre Villers, depuis Strasbourg, avec son petit ami (un certain J-F) pour une villégiature expresse à trois vide de sens.
Je risque, tout de même, de développer une méfiance accrue envers ce genre de projet festif.
Retour chez le bon Serrault et sa pétillante existence au gré des représentations, sketches et tournages. Occasion de retrouver la si attachante galerie des acteurs et comédiens comiques, ceux qui ont distrait mes sombres années tiraillées. Leurs films me dispensaient d’une quelconque prise de psychotropes : les 90 ou 120 minutes de baume dopant suffisaient pour se colleter aux tracas quotidiens et aux trognes persistantes. L’implacable bonhomie de Blier, l’indomptable furie de Louis de Funès, les envolées foudroyantes de Francis Blanche, la frénésie inventive de Darry Cowl, la victimisation rigolarde de Carmet, les bougonnements ravageurs de Jean Yann, les sursauts pétaradants de Prévost et, bien sûr, la maximalisation géniale du pince-sans-rire de Poiret : univers revigorant du plus attachant et déconneur de tous, l’ami Serrault, ange rieur de l’humanité.

Samedi 4 août

Ouvrez, ouvrez la cage au Serrault !
Depuis un reposant espace ombragé du parc tête d’Or.
Voilà bien longtemps que je n’avais englouti si vite un bouquin. Le décès de Serrault a détoné en moi jusqu’à rendre indispensable de retrouver son autobiographie enserrée depuis quelques années sur une étagère de bibliothèque.
Pas un chef d’œuvre de style le …Vous avez dit Serrault ?, pas ce que j’espérais d’ailleurs, mais l’authentique témoignage d’un grand saltimbanque.
Glouton à faire filer les pages pour que revive densément le clown imprévisible aux planches explosives : son enfance truffée de turbulences qui prédestinaient l’insatiable garçon ; l’amorce religieuse dont il gardera une humanité sans détour, presque outrancière ; ses débuts d’artiste avec sketches enchaînés et nuits blanches frénétiques ; l’évidence essentielle de ses deux Rencontres, Nita l’amour d’une vie, Jean l’amitié cardinale ; sa conception du métier d’artiste, naturel et liberté talentueuse, un peu à la façon du style littéraire d’un Léautaud qu’il incarna gouailleur et tranchant à souhait ; son ancrage au cinéma et son enclin pour les personnages ambivalents.
Serrault a su cultiver et propager l’irrévérence et le sens de l’absurde. Son physique ordinaire permettait d’animer sans fausse note les plus antagonistes caractères et dévoilait une singularité attrayante de l’âme. Sa dextérité à improviser au théâtre, pour extraire la plus enivrante des folies en cohérence avec l’instant, pousser un peu plus loin la scrutation des délires humains, irradiait les œuvres mises en scène.
Serrault, une fresque humaine : l’abject Rico, meneur de ces putains de hooligans franchouillards, qui aurait écrasé la tronche du gentil clochard de La Belle Américaine s’il avait soutenu l’arbitre ; les crises savoureuses d’Albin, alias Zaza Napoli, hurlant sa détresse à l’oreille alerte du bienheureux Louis Martinet, avant de courir à sa perte, se croyant désiré par l’infâme Marcel Petiot ; le sombre docteur aurait été le pire des compagnons de cellule pour le condescendant Martinaud sous étude tyrannique du flic soupçonneux ; le curieux libraire Rondin des Gaspards aurait-il pu côtoyer l’amer Arnaud, n’aurait-il pas préféré se rapprocher de l’infréquentable Albert le Cagneux des Assassins et Voleurs ?
Ne pas répondre, surtout pas : la magie Serrault tient dans l’ambiguïté de ses interprétations, celle qui magnifie les œuvres et, souvent, explore nos perditions profondes et nos potentielles folies.

Dimanche 12 août, 22h50
Malgré le temps incertain, décision de goûter à la marche bucolique avec ma BB dans les environs de Tarare. Une montée costaude pour amorcer le parcours : le cœur s’emballe vite et je laisse ma douce prendre quelque avance que je grignote dès l’horizontalité retrouvée. Une nature verte et des sols gorgés d’eau témoignent de l’été non conventionnel qui s’impose.
Eu quelques nouvelles d’Elo par Msn ce soir : nouvelle coupe qui lui sied à merveille, une histoire qui s’affirme avec son Julio et une reprise du pinceau avec quelques toiles colorées en sortie. Vu aussi, en photo, sa ‘tite nièce, cinq ans, avec tous les attributs et le caractère de l’adorable chipie. Elo ressent mal ses longs séjours à Saint-Cyr, synonymes de nounou improvisée pour elle.
Oublié de noter d’autres disparitions estivales, notamment celle d’Henri Amouroux, historien et penseur à la voix posée. J’ai encore la musique de ses participations au débat sur l’actualité qui se tenait le vendredi soir sur France Inter. Avec ses bretteurs de circonstance, les Leroy, d’Ormesson et autres réactifs, il rendait attractif tous les thèmes porteurs du moment. Je crois me souvenir qu’il n’hésitait jamais à stigmatiser les méfaits de l’idéologie communiste.
Big Média, dans sa rapide nécrologie, a souligné, comme une prétendue tache dans son exemplaire parcours, qu’Amouroux avait été entendu comme témoin à décharge dans le procès Papon. Encore le simplisme médiatique au service du bien-penser ambiant : pour avoir suivi de longs passages du procès, on ne peut que constater la complexité de la posture passée de l’accusé. Remettre dans le contexte historique l’analyse critique assénée par les ronfleurs de certitudes, comme l’a tenté cet esprit fin, garantit une plus sure équité intellectuelle que celle des censeurs haineux avides d’un pugilat judiciaire. Amouroux a eu la si rare élégance d’une fidélité sans faille à ses convictions, y compris lorsqu’elles fusaient à l’inverse du consensus social, surtout lorsqu’elles contrecarraient les antiennes officielles. Amouroux, Revel : voilà les esprits lumineux de la France du Vingtième siècle, et non l’insane Sartre à l’idéologie criminelle…
Encore une semaine légère avec un férié au milieu.

Après ma mise sur un blog (à accès strictement réservé) des pages les plus dures contre Heïm extraites de ce Journal à taire, maman m’a adressé un long mail qui confirme sa haine viscérale de Heïm le maudit comme j’ai baptisé ce blog dont l’adresse reprend le patronyme réel du sieur. Si je cautionne une grande partie de son ressenti aujourd’hui, je n’approuve pas le paquet de circonstances atténuantes dont elle pare Bruce : toutes ses dérives, passées et actuelles, trouveraient leur source dans cette immersion au château d’O. Que cela ait pu amplifier un peu sa perdition, pourquoi pas, mais rien de déterminant : le bougre avait toute cette salauderie en lui, quel que soit l’endroit qu’il eut fréquenté. Faire du château et de Heïm le déterminisme absolu de sa propre nature manipulatrice me semble nier sa propre responsabilité.

Mardi 14 août
Encore une après-midi de détente à choper quelque couleur mate au parc Tête d’Or. Si la rentrée professionnelle se profile chargée selon le rythme crescendo à partir de la mi septembre, les semaines d’août se limitent au strict nécessaire pour que la boutique tourne encore.
Passage exprès hier soir de Louise et de sa petite famille pour rejoindre dès ce jour Le Cellier pour quinze jours de détente chez les grands-parents d’Ilya.
Parmi les décès d’été, infiniment moins regrettable que ceux évoqués récemment : celui de l’officier SS ayant ordonné le massacre d’Oradour-sur-Glane, le sinistre Heinz Barth. A son procès, il ne déclara qu’un seul regret : qu’il y ait eu des survivants à cette tuerie organisée. Quatorze années de taule effectuées par ce criminel majeur, libéré en 1997 selon les critères humanitaires du pays incarcérateur. A noter, sur le plan juridique, que le sanguinaire a été condamné pour crime « de guerre » et non « contre l’humanité » et qu’il s’inscrit en cela dans la sordide tradition guerrière des impitoyables massacreurs dépourvus d’un semblant d’humanisme auquel se raccrocher. De la pure brute congénitale dont il faudrait alléger à l’extrême le parcours judiciaire : juste les laisser crever en souffrances entretenues. Tout en l’écrivant, je reconnais l’absurdité simpliste du souhait talionien.
Achever ce Manus XV avec un petit tour visuel de la luxuriante nature de ce petit coin calme du parc ouvrant sur la roseraie : un vert cocon d’harmonie qui atténue les fracas du monde à ramasser sur l’air émouvant des Feuilles mortes du feu Gainsbourg.

Mercredi 15 août, 23h20
Quelques degrés de trop pour apprécier le charme d’une ville au calme. Matinée et début d’après-midi en compagnie d’Elo à déambuler dans le parc Tête d’Or, les nouveaux bords du Rhône avec halte déjeuner, et quelques artères lyonnaises avec intermède cinéma (le distrayant Ivan tout puissant). Occasion de suivre son actualité familiale, sentimentale et professionnelle : naissance, hier soir, du second enfant de sa sœur, une mère toujours aussi possessive et invivable, une relation de cœur qui se pérennise et de bons contacts dans son travail. Elle songe, déjà, à une installation dans la région de son compagnon (vers Tignes) et à la conception d’un enfant dans trois ou quatre ans. Coup de vieux pour moi, merci Elo !
Nos cieux paisibles nous permettent le luxe de ces insouciants et si agréables moments de complicité. D’autres contrées, en parallèle, n’en finissent pas de saigner à gros flots : l’Irak occupe, bien sûr, l’écoeurante place d’honneur. L’attentat du jour établit un nouveau recors dans la tuerie de masse depuis 2003 : en quatre explosions à l’adresse d’une minorité religieuse sise en région kurde, c’est plus de deux cents morts et quatre cents blessés obtenus par les terreurs intégristes à étiquette al qaïdienne.
A qui la faute de cet interminable chaos ? Aux Etats-Unis pour la plupart et selon le simplisme ambiant. Que serait-il advenu si l’on avait laissé en place le sanguinaire Saddam et pérennisé les rodomontades diplomatiques ? Quel naïf peut croire que la nébuleuse terroriste n’aurait pas visé d’autres points d’ancrage ? Le terrorisme a horreur de négliger les terrains faciles.

Samedi 18 août
Parc désert, lac paisible, si loin des agitations boursières. Le libéralisme à tout prix, étendu à l’économie virtuelle, connaît sporadiquement ces hoquets, décrochages qui paniquent les détenteurs de titres. On peut être pour le capitalisme, sans réserve, et considérer comme caverneuses les hystéries de la finance mondiale.
Internet a eu sa bulle boursière inconsidérément gonflée pour, un beau jour, ruiner les plus aveugles. Depuis, pourtant, Internet grandit toujours, tel un univers en expansion, et fait la fortune des plus avertis. La marque Google n’est-elle pas reconnue comme la plus chère du monde, avant Microsoft et Coca Cola ? Les pionniers de cette dimension du réseau mondial n’avaient donc pas tort de croire aux potentialités économiques du système virtuel, mais le grégarisme amateur a fait imploser les valeurs attribuées à des milliers de jeunes pousses du Net.
Si on doit pointer l’inconséquence d’organismes financiers atteints de prêtite aiguë, si l’on doit soupçonner les agences de notation des émetteurs d’emprunts, au mieux, de s’être vautrées dans la complaisance, au pire d’avoir masqué les difficultés de ces organismes qui les financent, on ne peut se limiter à la stigmatisation des boucs émissaires qui évitent de s’interroger sur la tare consubstantielle.
Aujourd’hui, toute la complexité des causes des baisses boursières ne doit pas occulter la simplicité dérisoire du suivisme, de l’amplification des rumeurs, de la méfiance soudaine, du chaos cultivé. De vraies grossières ficelles psychologiques qui déterminent, et c’est là le point inquiétant, une bonne partie de la santé économique mondiale. Poupées gigognes non décoratives, plutôt du genre affligeant, où la tête d’épingle incommode le tout.
Comme souvent, ce n’est pas le système qui présente des vices, mais les vices humains qui dénaturent le système. Primaires de Cro-Magnon pour encore longtemps, nous sommes.

Mercredi 22 août
Ça renifle la rentrée, alors que ma semaine s’est allégée au maximum pour rattraper les heures qui me sont dues.



Le talon de Big Sarko
La présidence a repris (si elle l’avait jamais délaissé…) son rythme médiatique frénétique. Une flopée de réunions par-ci, pour afficher la réactivité dans l’action, un enterrement par là pour la teinte d’humanité et d’émotion transpirante, quelques déclarations fracassantes, enfin, pour ne perdre ni la main, ni la parole.
Rendre compte de chaque battement de cil de l’« hyperprésident », pour reprendre le néologisme du Sert-à-rien général du PS, est devenu la spécialité de Big Média. Le Big Brother d’Orwell a donc tourné tous les feux de la rampe vers lui, au risque d’une saturation.
Y verrait-on, sous l’apparente complaisance, un plan ourdi contre Sarkozy pour griller peu à peu l’adhésion sondagière qui ressort pour son action ? Boutade délirante, sans aucun doute.

Jeudi 23 août
L’abondance humaine à nouveau dans les artères, veines et capillaires lyonnais.
Oublié de noter trois découvertes Internet concernant la famille. Jim, d’abord, signalé comme singing-guitarist sur un site annonçant la sortie de Rush Hour 3. Il nous avait évoqué sa participation à une scène face à la vedette de la superproduction américaine. Il semble que le plan ait été conservé. Peut-être que son interprétation complète du morceau sera reprise dans le DVD.
Bruce, ensuite, qui a référencé ses toiles sur un site ouvert aux artistes peintres. Une biographie truffée de fautes, mais des toiles, pour certaines, subjuguantes d’expression torturée. Une mise en fresque de ses tourments à laquelle il faut reconnaître un certain talent, ce qui ne m’anime, cependant, d’aucune bienveillance envers lui face aux salauderies commises. Simple constat technique d’œuvres réussies, mais engendrées par un antipathique personnage.
Raph, enfin, longiligne bout d’chou inscrit dans une équipe de volley et qu’Internet régurgite aussi de sa mémoire tentaculaire.



Le talon de Big Sarko
Big Sarkozy satisfait encore plus de 60 % de Français et cette base ne s’étiolera pas facilement pour l’analyste Pierre Giacometti : pas du soutien de dernière heure qui s’évapore au premier coup dur politique, à la première grogne sociale.
Son talon compensé d’Achille ne doit pourtant pas être minoré : la surmédiatisation en fait la première cible pour une opposition qui se cherche encore.
Même l’agité fringuant Chirac, en 1995, savait se ménager des retraits et laisser son Juppé de Premier ministre assumer le charbon de la politique gouvernementale. Ici, dans cette neuvième mandature présidentielle, l’Elysée préserve de fait Matignon qui accomplit dans la discrétion les projets claironnés avant le six mai.
Comment juger, alors, le traitement médiatique des actions et prises de position du nouveau président ? Sans aller jusqu’à la complaisance, peut-on évoquer une prédisposition favorable du corps majeur de Big Média qui ne laisse émerger que de rares appendices hérissés contre ce réflexe pavlovien ?
L’esprit féru de liens, de parallèles à établir, pourrait tenter de lancer une passerelle vers les années Balladur, 1993-1995, alors puissant Premier ministre cohabitationniste, soutenu par
l’ambitieux Nicolas Sarkozy, qui s’accordait une lune de miel prolongée avec les journalistes, au point de croire (grâce aussi au fortifiant sondagier, convenons-en) à son destin présidentiel. Le diapason peuple-média ne résistera pas à l’échéance électorale, l’Edouard majestueux, gélifié dans sans convenances désuètes, ne collant plus à l’aspiration populaire d’un renouveau dynamique au revigorant goût de pomme verte.
Big Sarkozy a donc surpassé son maître d’alors, Sage de Matignon, en offrant son activisme à cette caisse de résonance jusqu’à présent bienveillante et en phase avec l’attente majoritaire.
L’onde néfaste, marquant le retournement de l’opinion, devrait se renforcer si le dynamisme déployé est en décalage avec les résultats ou le sentiment de résultats obtenus. Un agacement se propagera chez le peuple amnésique, friand de têtes de Turc déresponsabilisantes, et Big Média emboîtera le pas face à l’incontournable vague désapprobatrice. A moins qu’un scandale, une affaire impliquant l’Elysée ne ragaillardisse le microcosme médiatique enclin à brûler ses idoles.
La France anti Big Sarko tiendra alors sa revanche, se cherchant pourtant toujours un leader naturel crédible.

Scénette ordinaire de la vie politique française qui masque les pôles réels d’influence sur la conjoncture nationale, sujet ô combien moins sexy que le bourrelet du chef d’Etat effacé en exclusivité pour Paris Match.
23h45. Achevé le blog de vacances A nous le Finistère et invitations envoyées à la famille et à quelques amis. Occasion de rappeler l’existence de deux autres blog-photos à accès restreints : pour les noces d’émeraude des parents B et pour les vacances en Corrèze de l’été 2006.
Cet univers bloguien, s’il est bien abordé, peut constituer un loisir constructif de grande qualité.
Météorologie de notre été pourri et des extrêmes climatiques forment une part notable de l’actualité quotidienne. De l’ouragan Dean (?) ayant sévi en Martinique, à la Guadeloupe et dans le Golfe du Mexique, aux pluies diluviennes en Europe du Nord contrastant avec les fournaises persistantes de l’Europe du Sud, une France négligée par l’été et un pôle Nord en situation de fonte accrue : du plus anodin focalisé, au plus fondamental pour les conséquences planétaires, le rythme et les à-coups climatiques s’imposent à nous, qui oublions si facilement l’exigence d’humilité face à ces facteurs incontournables.

Mercredi 29 août, 23h30
Six jours d’enfer pour la Grèce, un Etat stigmatisé pour son
incurie, quelques promoteurs immobiliers soupçonnés d’avoir commandité des pyromanes pour ces infectes besognes, mais aucune critique contre la réactivité de l’UE. C’est même l’autosatisfaction pour la porte-parole du Commissariat européen à l’Environnement qui se félicite de la vivacité de réaction de pays membres. Ainsi, la soixantaine de pompiers français (le double de ceux envoyés par… Chypre !) a-t-elle dû être déterminante dans cette bataille parmi les trois mille Grecs (pompiers et soldats) mobilisés contre cette tragédie. Non, satisfaits nous sommes, tout comme les instances européennes, même si l’idée d’établir une « troupe européenne de protection contre les incendies » est évoquée.
Curieuse réaction des médias qui varie selon le supra pouvoir en cause. Aux Etats-Unis, après le passage de Katrina, l’incapacité des autorités fédérales à réagir dans les temps et avec les moyens requis avait été surabondamment soulignée.
Aujourd’hui, pas un soupçon de reproche à cette quasi léthargie de l’UE qui n’a rien proposé de conséquent à la Grèce et s’en est remise aux Etats membres volontaires. Certes les quatre Canadairs français ont dû constituer un apport non négligeable, mais pour le reste, c’est du symbolique bonne conscience pour se dire : j’y étais, on ne peut donc rien me reprocher comme Etat.

Vendredi 31 août
Merci à toute la troupe satisfaite du rejet du traité constitutionnel : ce n’est qu’une Europe économique qui a été conservée. Pas d’autre élan, surtout face à un tel drame. Chaque Etat conserve l’essentiel de ses moyens sans qu’on puisse noter de réelles différences entre la solidarité affichée par des Etats tiers à l’UE et celle de membres par statut plus proches des contrées grecques.
La compassion gesticulatoire ne peut se prévaloir d’une once d’efficacité.

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