Octobre

Lundi 1er octobre
Mon an trente-huit se profile dans une sérénité assumée.
Pas le cas de mon père, eu la semaine dernière au téléphone, pour qui le calvaire professionnel continue, avec les problèmes financiers concomitants. A bientôt cinquante-neuf ans, il a même reçu une lettre d’avertissement par son supérieur hiérarchique. Sa carrière, mouvementée, par le nombre d’entreprises et de postes occupés, a souvent subi des tensions relationnelles avec tel ou tel pour des divergences de vue dans la
conduite du travail, des incompatibilités d’humeur ou le refus d’adopter tel comportement jugé indigne (comme chez Charles Jourdan où, jeune directeur de magasin, il refusera de pousser à bout les vendeuses, jugées trop vieilles par la direction générale, pour les remplacer par de la chair fraîche). Sa course au chiffre d’affaires à faire progresser associée à un pesant climat interne pourrait être dangereux pour sa santé… Je l’ai invité à m’appeler lorsque le moral flanche. Heureusement qu’Anna et les deux garçons (Alex atteint les 1m77) sont là pour l’entourer.
Mon ambiance professionnelle est, elle, au beau fixe, et la modestie de mes ambitions me laisse le temps d’une vie paisible, créative et régénérante.
Passés par notre directrice, les trois numéros de Libération (du 13 au 15 septembre) qui se sont fait l’écho des forums Vive la politique ! Des duels cérébraux mettant aux prises les acteurs de la vie politique, sociale, économique et culturelle sur des sujets variés : du lien entre le travail et l’université à la question polémique sur la suppression des partis en passant par le philosophique « a-t-on le droit de tout dire ? » De courts textes de synthèse qui vont faire la joie de nos aspirants lieutenant sapeurs-pompiers qui débutent aujourd’hui.
Pour moi, une après-midi de lecture au parc Tête d’Or pour goûter quelques rayons de ce décidément radieux début d’automne.

Vendredi 5 octobre

Las des haines fantasmées
L’hystérique campagne orchestrée, suite à la proposition d’un recours possible à des tests ADN dans la gestion de l’immigration, laisse songeur. A parcourir les innombrables réactions épidermiques, arque boutées sur la sacro sainte éthique française qui se revendique universelle, on découvre un concentré de mauvaise foi et d’extrapolations malhonnêtes. Le projet lui-même : laisser la possibilité à l’immigré demandeur d’un regroupement familial le soin de recourir à la preuve génétique de sa filiation afin de pallier l’incurie administrative de son pays d’origine ou de permettre à l’Etat français de s’assurer de l’absence d’une fraude documentaire. Cette mesure serait laissée au volontariat, à la demande du bénéficiaire, à l’initiative du candidat… comment l’exprimer autrement ? Pourtant, même une tête bien faite comme celle d’Edouard Balladur transforme un outil supplémentaire simplement proposé aux immigrants en une arme discriminatrice entre les mains de l’administration française, laquelle est, bien sûr, au bord de la nazification purificatrice ! « L’idée de tests ADN obligatoires » commence Balladur : faux ! Jamais l’obligation n’a été inscrite dans l’amendement controversé.
Pour les détracteurs qui admettent la liberté laissée aux demandeurs, une extrapolation sans appel cloue au pilori le projet : imaginer que l’administration propose ces tests (laquelle ne le ferait d’ailleurs que pour un immigré incapable de prouver par l’encre authentique sa filiation) et qu’elle essuie un refus, la suspicion l’inclinerait à refuser d’emblée le regroupement, peut-être même si, finalement, l’immigrant pouvait apporter la confirmation formelle de son lien.
A ce titre, supposant la dérive haineuse de la machinerie
publique, il conviendrait d’élargir l’interdiction d’usage à la preuve par la paperasse. En effet, songeons un instant à la criminelle utilisation du support papier qu’a faite la Stasi de la RDA, avec ses millions de dossiers rédigés sur ses citoyens. Horreur et damnation : prohibons donc toute inclination paperassière étant donné les risques de fichage systématique de la population immigrée. La dérive de l’administration française nous guette…
Pas plus délirant que les extrapolations clamées par les prétendus parangons de la vertu républicaine. L’ADN, terreur en trois lettres lorsqu’on les rapproche du principe de filiation.
L’ambiance hexagonale serait donc à la multiplication des « rafles », au fichage des citoyens, à la propagande dangereuse, à la haine de l’étranger… L’apocalypse nationale menace, bonnes gens, restez chez vous les volets clos…
Par postulat, on doit refuser de réfléchir sur l’utilité positive, dans l’accélération du traitement d’une demande, que pourrait favoriser la preuve biologique.
Amalgames par gesticulations, simplisme stigmatisant, opportunisme faussement humaniste : les doctes de la morale se sont engouffrés dans l’horreur fantasmagorique, pour cet amendement, de la sélection génétique. Et pas question d’aller regarder d’un peu plus près ce qui se pratique en Belgique, par exemple : depuis 2003, 2700 personnes ont pu, grâce à ce système, bénéficier du regroupement familial, contre 400 refus. Non, surtout pas ! Tout comme l’Angleterre, la Norvège et huit autres nations européennes : contrées vouées à l’eugénisme rampant, sans doute… et avec la bénédiction de la législation de l’Union. Exemple même du matraquage idéologique qui s’enferme dans ses monomanies dénonciatrices sans, un instant, admettre qu’un outil scientifique puisse servir certains dossiers bloqués.
Conséquences de cet anathème, si l’amendement (remanié ou
pas) n’est finalement pas adopté : tous ceux qui pourront arguer de papiers (là où se nicheraient l’affection, le vécu et la philosophie de la filiation) verront leur demande traitée ; tous les autres, victimes de pays incapables de fournir les sésames encrés, la France les laissera croupir dans l’incertitude, leur refusant l’ultime recours génétique, drapée dans l’implacable conviction de ceux qui claironneront qu’elle vient d’éviter à ces pauvres gens l’infamie d’une démarche scientifique qui certifierait leur filiation… biologique. Quelle horreur !

Post-scriptum : Juste après avoir publié ici ce coup de sang à
rebours, je file acheter
Le Monde Week End (mes lectures ne sont pas sectaires !). En première page, comme une nécessaire dramatisation, l'éditorial bis (le traditionnel est en page 2) du fraîchement nommé directeur Eric Fottorino: "Haine des autres, haine de soi". Comme une emphatique illustration de cette délirante campagne : "visage le plus inquiétant de la France", "acter que notre pays a fait litière de son histoire et de sa géographie au détriment des étrangers", "nier la différence des autres", "nier l'existence de cultures singulières", "tentative dommageable de tri dans les familles", "Il y a de la haine dans cette course à l'ADN", "préserver notre législation de repoussantes dérives". Si ce n'est pas de l'hystérie journalistique ça...

23h32

Ah ! Chabal ira, Chabal ira, Chabal ira ! 
Les All Blacks refroidis, engrisaillés pour leurs vingt ans d’une unique et si lointaine victoire en coupe du monde de l’ovale... Plus très ronde, pour eux, la terre : dès leur haka, les gaillards de France s’étaient rapprochés de la ligne défiante.
Je l’avoue, l’épopée rugbystique française ne me laisse pas de marbre. Sans doute devrais-je me plonger dans la littérature d’Antoine Blondin pour mieux cerner ce ressenti instinctif, mais je préfère me dispenser de toute influence.
A côté des basiques règles du football, ce sport collectif mêle d’innombrables principes et procédures à respecter qui en font une discipline de la tête tout autant que des muscles.
Le XV à XXX français poursuit sa montée talentueuse, se débarrassant ce soir des plus expéditifs de la compétition, pour tenter une nouvelle euphorie collective, presque dix ans après celle pour le ballon rond.
Il fallait une figure charismatique et
communicante, comme pouvait l’être le maestro Zidane, pour cette nouvelle aventure médiatico-sportive. C’est le guerrier chevelu, le Samson-Chabal qui détermine l’attraction. Le colosse au physique mythologique pourrait incarner la « nouvelle Renaissance » que l’Elysée appelle de ses vœux : indomptable, engagé sur tous les fronts, la mine hirsute et le regard sans concession sur le terrain, mais d’une virile affection le temps du combat passé, il entraîne les dépassements de soi.
Ce soir, comme une leçon de résistance sportive, jusqu’à l’ultime engagement pour le collectif, la troupe de Laporte a résisté aux vifs assauts, au rouleau compresseur des Néo-Zélandais, jusqu’à maintenir le suspens sur le fil implacable d’une dramaturgie partagée.

L’entrée de Chabal a donné le souffle puissant, Michalak a délivré la vitesse lucide, et le groupe a surpassé ses appréhensions, a transcendé ses doutes pour que le si mince écart s’érige en roche Tarpéienne pour les Blacks, ouvrant la voie du Capitole aux Bleus inspirés.
Du lyrisme ronflant, sans doute, de l’enthousiasme disproportionné pour ce jeu populaire, je l’admets, mais lorsqu’un groupe parvient à surpasser tout ce qui plaidait contre lui, en mordant la verte galloise jusqu’au bout, cela incline à l’hommage, sans arrières pensées ni dédain intellectualisant mal placé.
Chabal ira, Chabal ira, Chabal ira !

Lundi 15 octobre, 23h40
Une presse française qui se fait l’écho du décès, samedi dernier, du dernier mercenaire Bob Denard rongé par l’Alzheimer. L’occasion de plonger dans les peu reluisants arcanes de la politique étrangère française version déstabilisation clandestine, coups de force non revendiqués… une raison d’Etat virginale pour l’Hexagone, ma foi !

Mardi 16 octobre
De plus en plus de voix qui défendent la légitimité des tests ADN dans la politique d’immigration face à ce déchaînement irrationnel qui s’hypnotise, bien volontairement, sur l’horreur biologique à senteur nazifiante de cet amendement. Je retrouve mes arguments chez les quelques députés UMP se risquant à défendre médiatiquement le projet, mais rien n’y fait. Impression de revivre la même couche de sourde mauvaise foi. Il faut être forcément et farouchement contre, faute de quoi la pancarte infâme est clouée sur votre front.
Alors que ce dispositif trouve sa raison d’être dans la lutte contre la fraude documentaire et l’aide des familles d’immigrés de bonne foi, mais victimes du néant administratif de leur pays d’origine, les braillards post-Pote Système (la main sacrée régnait sur la scène des anti-ADN) transmutent l’intention en crime de discrimination à effluves racistes. L’étroitesse intégriste des Lévy, Vals et autre Adjani confine à la censure de toute argumentation qui contrevient à leur idéologie. Pas mieux que les islamistes, finalement.
Le trépas de Bob Denard a dû faire remonter quelque chagrin chez Heïm qui s’était lié d’amitié avec lui à son retour en France métropolitaine. Nous voilà nous insurgeant contre cette pratique clandestine de notre politique étrangère, en Afrique pour le cas d’espèce, tout comme on redécouvre, l’air effarouché, la présence de caisses noires dans les fédérations professionnelles ! Quelle naïveté… jouée, simulée ?
L’univers à la Bisounours persiste chez des commentateurs choqués par ces pratiques aussi anciennes que l’activité humaine à visée influente.
Le folklore des grèves publiques va reprendre sa place médiatique dès demain pour réclamer, sans aucune honte ni conscience de l’obscénité de leur motif de grève – le maintien d’un statut de retraite privilégié. Espérons que, enfin ! le cap gouvernemental soit maintenu et ne cède pas aux desideratas du pavé.
Chacun veut des réformes, de la rupture, du changement, sauf si cela contrarie sa petite existence, son minable confort… Que les politiques gouvernent, enfin ! sans se laisser empuantir l’esprit par les chauffeurs d’asphalte à l’idéologie ringarde.

Jeudi 18 octobre, 23h15
Fin de journée estampillée Braillards à régime spécial. L’exécutif ne s’écarte pas de sa volonté réformatrice au nom du respect d’un programme martelé avant les élections. La légitimité des grévistes ne pèsera donc pas lourd face aux objectifs retenus par les urnes.
Les semaines pro vont notablement se charger jusqu’à la mi décembre avec six nouvelles formations financées par la région qui vont s’amorcer. Demain midi, déjeuner avec l’équipe permanente des formateurs et le premier des responsables de la formation pour de joyeux instants partagés. L’entente cordiale se confirme.

Mercredi 24 octobre
Etape symbolique que j’ai omis de signaler à ma date anniversaire, le 6 octobre dernier : la dernière échéance du prêt consenti à la SCI du château d’Au pour lequel je restais caution solidaire, et ce malgré mon retrait total de cette société civile immobilière. Les 73 175,53 euros prêtés en 1992 ont été remboursés. Cette extinction de dette m’éloigne un peu plus de cet univers dont je n’ai, d’ailleurs, plus de nouvelles depuis quelques mois. 
Pour enfoncer le coin entre les gens du Nord et mon ancrage lyonnais, je vais interrompre mon contrat avec orange pour mon portable (numéro que je possède depuis le début de ma mise à ce moyen de communication – en 1997 ou 98) et bientôt de même avec la ligne fixe. Evidemment, aucune information de mes nouveaux numéros à Heïm et à sa réduite clique rapprochée. Bon vent à tout cela !
Curieux comme, en quelques années, mon indifférence allergique à cet univers s’est substitué à l’enclin le plus passionné. Je jauge cette période comme formatrice mais sans regretter une once de ce vécu mis à distance.
Sans doute que les années écoulées me feront revenir, réfléchir plus panoramiquement sur cette tranche d’existence. En attendant cette supposée sagesse réflexive, je poursuis ma purge existentielle.
L’actualité fait se bousculer de multiples thèmes nationaux et mondiaux. Le Sarkozy martèle ses antiennes en forme de méthode Coué ; la Californie se consume sous les brandons incandescents ; l’environnement fait son Grenelle loin de la rue ainsi baptisée (on devrait parler du Saint-Germain de l’environnement pour PPDA) pour tenter une révolution écologique ; les faits divers truffent et comblent les carences de l’information, etc.

Dimanche 28 octobre
Belle journée automnale au parc Tête d’Or surchargé de familles goûtant aux jeux dominicaux sous l’astre déclinant. Avec mon b’twin Seven, le mp3 Sony et ses quatre mille six cents mélodies, mon univers se trouve peu dérangé par le flux humain. Je laisse à peine quelques scènes joyeuses, quelques regards curieux parasiter ce centrage sans but.



Les fossoyeurs de l’UE
La mixture idéologique du PS français exhale un relent d’intime contradiction à l’égard du traité de Lisbonne qui devrait, enfin, offrir un cadre institutionnel pour l’UE à vingt-sept. Si Vincent Peillon et quelques parlementaires, partisans du Non en 2005, ont enfin reconnu l’échec absolu de la stratégie de rejet (« espérant créer un rapport de forces qui permettrait de renégocier le traité (…) ce n’est pas ce qui s’est passé ») certains socialistes prônent la plus contradictoire des alternatives : l’appel à un nouveau référendum ou l’abstention des élus ! Crainte de servir Nicolas Sarkozy en reconnaissant la réussite de sa volonté de relancer la locomotive européenne, ou peur d’assumer au grand jour ses divisions internes persistantes ? Si Hollande, le Sert-à-rien général, en arrive à ce degré zéro de la position politique, le mouvement de refondation sera mort-né.
Valéry Giscard d’Estaing revient, dans un article teinté d’amertume condescendante (« La boîte à outils du traité de Lisbonne », Le Monde du 27 octobre), mais pertinente, sur les paradoxes et faux-semblants de ce traité. Il glorifie ainsi, à rebours, la qualité du projet constitutionnel qui avait une vraie cohérence et l’objectif de simplifier (eh oui !) les textes fondamentaux de l’UE.
Avec Lisbonne, on en revient à la bonne vieille pratique technocratique de l’ajout par amendements à des traités antérieurs (Rome et Maastricht en l’espèce). Résultat : sous couvert d’une appellation première de « traité simplifié », une forme indigeste, illisible pour le citoyen, sauf à lui pondre une version compilatrice. Là où le traité constitutionnel formait un ensemble autonome pour une avancée notable dans cette construction d’intégration pacifique, le traité de Lisbonne reprend les seuls aspects techniques pour faire fonctionner les institutions, laissant à l’état de capharnaüm inaccessible pour le citoyen les dispositions des autres traités synthétisées dans la partie III du traité rejeté par les Français et les Néerlandais.
On a donc « bricolé », pour l’ancien Président, délaissant toute allusion à l’envergure constitutionnelle, une « maladie honteuse » sans doute, comme le déplore VGE.
Que les nonistes hostiles à la construction européenne aient soutenu de casser la dynamique, rien de plus logique. La vraie faute politique revient à tous ces modérés prétendus qui ont détourné la question référendaire pour servir leurs ambitions nationales (avec un échec cinglant pour la plupart, suite aux résultats de l’élection présidentielle). Ceux-là devraient au moins admettre la stérilité de leur positionnement claironné, deux ans et demi plus tard. Et bien non, certains s’obstinent à vouloir avoir raison.
Ainsi Laurent Fabius, de passage sur France Inter, qui s’adonne à une démonstration en règle de la mauvaise foi politique. A nouveau, le voilà s’érigeant en censeur du nouveau projet européen. Ses arguments s’entrechoquent, et parfois se contredisent, sans que cela lui pose le moindre cas de conscience. « Déni de démocratie », formule choc qu’il assène pour stigmatiser la voie parlementaire retenue pour ratifier le traité de Lisbonne. Outre que cela révèle son total mépris pour la démocratie représentative, tout aussi légitime que la démocratie directe comme le rappelle l’article six de la Déclaration des droits de l’homme, cela constitue la plus éclatante manifestation d’un populisme de gauche qui sacralise à outrance la voie populaire. Dangereux penchant qui pourrait décider, à ce titre, à remettre en cause quelques grandes lois de la République (sur l’IVG, sur l’abolition de la peine de mort) sur lesquelles le peuple n’a pas été convié à se prononcer.
Contradiction interne révélatrice de l’opportunisme argumentatif de Fabius : tout en estimant que le Parlement ne peut se prononcer sur un texte rejeté par référendum, ce qui sous-entend traité de Lisbonne = traité constitutionnel, il affirme, dans le même temps, que les défenseurs du Oui avaient bien (dès 2005, sans doute !) un plan B, contrairement à ce qu’ils prétendaient, ce qui suppose deux textes bien différents. Alors quoi ? Il faut que le prétendu portefaix de la parole du peuple choisisse et cesse ses escroqueries intellectuelles.
Sans vergogne, l’anti-européen de fait reproche au traité de Lisbonne d’être illisible ! Incroyable. Le même reprochait au traité
constitutionnel d’être trop compliqué, alors que son objectif était bien de se substituer aux autres traités et donc de simplifier la lisibilité des règles institutionnelles de l’Union. Fabius s’est pourtant battu pour son rejet et le voilà aujourd’hui qui reproche au traité de Lisbonne d’avoir abandonné cette perspective, renouant avec la tradition cumulative par amendements. Là encore, c’est tout et son contraire à dénoncer également, sans honte de son incohérence absolue à deux ans et demi de distance. Et ça se revendique encore partisan de l’UE.
Autre reproche invraisemblable de l’ex Premier ministre reconverti en fossoyeur de l’Europe : le traité de Lisbonne ne serait pas assez ambitieux, car il ne prévoit rien sur les politiques communes à mener. Le traité constitutionnel reprenait, dans sa partie III, le contenu des politiques antérieures en développant ou simplifiant certains points : ça ne lui convenait pas. Le traité de Lisbonne se contente, dans une certaine urgence, de fixer les règles institutionnelles : ça ne va pas mieux. Il faut que les Fabius et compères assument pleinement leur rôle d’opposants à la construction européenne, sauf à ne retenir qu’un seul Etat membre, si possible peuplé des seuls adeptes de leurs fumeuses positions.
Il est grave que des élus, s’affichant pro-européens, se permettent de tels écarts avec l’honnêteté intellectuelle de base. C’est bien d’un déni de représentativité auquel ces élus vont se livrer en refusant de prendre part au vote sur la ratification de ce texte vital pour une UE paralysée. Et ils prétendent encore défendre l’élargissement des pouvoirs du Parlement, alors qu’ils conchieront ainsi son rôle actuel en ne se prononçant pas sur le traité soumis.
Les coups de boutoir sans masque des souverainistes valent presque mieux que les tortillements pernicieux de ces hypocrites contempteurs.

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